Ma rétrospective 2016 de l’actualité spatiale
Voici (enfin) ma rétrospective des événements spatiaux de 2016. Elle n’est évidement pas complète car l’actualité spatiale a été très riche en 2016, mais voici, de mon point de vue, ce qu’il faut retenir dans le Spatial pour 2016. Cliquez sur les liens pour accéder aux articles écrits à l’époque des événements.
L’ISS en 2016
A bord de l’ISS, les équipages continuent de se succéder au rythme d’un changement d’équipage de 3 personnes tous les 6 mois environ. En mars, il y a eu la fin de la mission de presque 1 an de Scott Kelly et Mikhaïl Kornienko et en juin, le retour sur Terre de l’astronaute européen Tim Peake.
L’ISS a vu les cargos se succéder : fin de mission pour le Cygnus OA-4 en février, arrivée des cargos commerciaux OA-6 (fin de mission en juin) et OA-5 respectivement en mars et octobre, les cargos russes Progress MS-01, 02 et 03, des cargos Dragons CRS-8 et CRS-9 et du cargo japonais HTV-6 en décembre.
Le français Thomas Pesquet dans l’espace le 17 novembre
Près de 9 ans après Léopold Eyharts, novembre 2016 a vu le retour d’un astronaute français dans l’espace : Thomas Pesquet. Il est arrivé le 19 novembre à l’ISS avec ses coéquipiers Oleg Novitskiy et Peggy Whitson.
Le module gonflable Beam s’est déployé
Le démonstrateur de module gonflable de l’entreprise Bigelow Aerospace, « Beam » pour Bigelow Expandable Activity Module, était prévu initialement pour 2015 à l’ISS. Ce prototype d’un habitable d’un nouveau type pourrait faire partie d’une future station spatiale ou d’un habitat martien ou lunaire. Ce démonstrateur permettra de tester son comportement en orbite mais aussi sa résistance aux conditions spatiales, notamment vis-à-vis du rayonnement spatial et aux collisions avec les micrométéorites. Il est arrivé avec le cargo Dragon CRS-8 le 10 avril , a été installé le 16 avril et a été déployé pour la première fois le 28 mai. Il est régulièrement visité par les astronautes américains depuis le 6 juin, date de la première entrée.
Le spatial habité chinois et le tourisme spatial en 2016
1 vol chinois habité et un nouveau laboratoire
Méthodiquement la Chine prépare son programme spatial dans l’objectif d’avoir une présence permanente dans l’espace. Alors que le module Tiangong 1 est toujours en orbite terrestre mais devrait rentrer dans l’atmosphère terrestre courant 2017, la Chine a lancé son 2e laboratoire spatial Tiangong-2 en septembre 2016.
Ayant décollé le 16 octobre à bord de Shenzhou -11, sixième vaisseau habité, Jing Haipeng et Chen Dong ont ensuite passé 32 jours à bord de ce laboratoire spatial [lire Shenzhou 11 et ses 2 taïkonautes revenus sur Terre].
Jing Haipeng est devenu le taïkonautes le plus titré avec 47 jours cumulés dans l’espace, avec ses missions précédentes (2 jours sur Shenzhou 7 en 2008 et 12 jours sur Shenzhou 9 en 2012).
Blue Origin
Côté tourisme spatial, ce fut l’année des avancées pour Blue Origin. En effet, l’entreprise privée a réussi 5 lancements et atterrissages avec le même lanceur. Cela avait commencé le 22 janvier, soit moins de 2 mois après son premier lancement et son atterrissage vertical historique, avec un nouveau vol de son lanceur sub-orbital New Shepard, puis le 2 avril avec un 3e lancement et atterrissage, et enfin le 19 juin avec un quatrième vol et retour au sol du lanceur sub-orbital.
Le 5 octobre, le 5e lancement et atterrissage était réussi en complément d’un test réussi d’éjection d’urgence de la capsule. New Shepard est ainsi devenu le premier lanceur sub-orbital réutilisable.
Pour en savoir plus sur Blue Origin, je vous recommande la lecture du dossier spécial du magazine numéro 37 d’Espace & Exploration.
Le retour de Virgin Galactic
Plus d’un an après l’accident du SpaceShipTwo , Virgin Galactic a fait son retour en 2016. L’entreprise privée avait dévoilé en février son deuxième avion spatial, le Virgin SpaceShip Unity (VVS Unity) [lire Le nouveau SpaceShipTwo « Unity » révélé par Virgin Galactic].
Le nouveau SpaceShipTwo a ensuite réalisé son premier vol captif sous son avion porteur, le WhiteKnightTwo « VMS Eve », le 8 septembre, puis un premier vol libre le 3 décembre et un second le 23 décembre. Il s’est posé de façon autonome sur le Mojave Air et Space Port en Californie à l’issue de ces 2 vols libres. Les essais vont continuer en 2017 !
Orion
Le futur vaisseau spatial pour les missions habitées lunaires ou martiennes est en cours de développement pour un premier lancement d’essai en 2018 si tout va bien. Les essais et les étapes de ce développement ont continué à bon train en 2016. Pour connaitre les détails, rendez-vous sur ce blog : developpement-orion.over-blog.com
Les grandes missions d’exploration en 2016
Rosetta : fin d’une mission exceptionnelle en septembre
Plus de douze ans après son décollage en mars 2004, la sonde européenne a terminé sa mission passionnante. Après une longue route, six milliards de kilomètres, la sonde avait rejoint la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko le 6 août 2014. Elle a suivi la comète un peu plus de 2 ans, se rapprochant du Soleil en août 2015 mais s’éloignant à nouveau du Soleil depuis, la sonde n’allait plus tarder à cesser de fonctionner.
Sa fin avait donc été programmée pour se crasher sur la surface, mais surtout faire des images d’une résolution sans précédent et aussi pour procéder à l’analyse chimique de poussières récupérées à très faible altitude. Le 30 septembre 2016, Rosetta a donc terminé sa mission et a rejoint Philae, la mission secondaire qui nous a donné beaucoup d’émotions en novembre 2014 et qu’on avait retrouvé en septembre 2016 [lire Philae a été retrouvé !].
Retrouvez tous les articles sur Rosetta et Philae : #Rosetta #Philae
Juno en orbite de Jupiter en juillet
Juno, une sonde spatiale de la NASA lancée en 2011, a rejoint l’orbite de Jupiter le 5 juillet 2016 pour une mission d’un an au minimum. Son objectif principal est de déterminer la proportion d’eau dans l’atmosphère et les caractéristiques de la gravité et du champ magnétique de la planète gazeuse.
Suivez la mission Juno avec #Juno
ExoMars 2016 arrivée à destination
La première partie de la mission Exomars de coopération entre l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et l’agence russe Roscosmos est arrivée sur Mars.
ExoMars 2016 a été lancé le 14 mars 2016 et a rejoint l’orbite martienne le 19 octobre. Le satellite Trace Gas Orbiter (TGO) poursuit actuellement la circularisation de son orbite et a commencé l’étude de l’atmosphère martienne afin d’y détecter les gaz présents à l’état de traces, tels que le méthane. Cette présence permettrait d’avancer sur les hypothèses d’une vie microbienne passée sur Mars.
Par contre, l’atterrissage du module démonstrateur d’entrée atmosphérique et de descente sous parachute, l’EDM Schiaparelli, n’a pas été un succès. Celui-ci s’est crashé au sol [lire ExoMars : premières images de la surface de Mars et premières explications du crash] .
ExoMars est l’une des missions à suivre en 2017 et aussi dans les années à venir avec la suite de la mission, ExoMars 2020 et son rover européen. #ExoMars
Osiris-Rex en route vers l’astéroïde Bennu
La mission Osiris-Rex de la NASA a commencé sa longue route vers l’astéroïde 1999 RQ36, ou appelé Bennu, avec son décollage le 8 septembre. De son vrai nom « Origins Spectral Interpretation Resource Identification Security – Regolith Explorer », la sonde a pour objectif de rejoindre en 2018 l’astéroïde Bennu et d’en rapporter au moins un échantillon sur Terre en 2023 pour étude. La mission aidera les scientifiques à étudier comment les planètes se sont formées et comment la vie a commencé, ainsi que d’améliorer notre compréhension des astéroïdes qui pourraient influer sur la Terre.
A lire : OSIRIS-REx : direction l’astéroïde Bennu !
Astronomie-astrophysique
En vrac, quelques missions suivies sur ce blog :
2016 a vu la publication du premier catalogue d’étoiles de notre galaxie par Gaia : « Gaia : le premier catalogue de plus de 1 milliard d’étoiles a été publié »
Lisa Pathfinder lancé fin 2015 a tenu toutes ses promesses. A lire sur le site du CNRS : « LISA Pathfinder surpasse les attentes« . Sa mission a été prolongée en 2017.
Par contre, 2016 a vu la perte d’un observatoire spatial prometteur, Astro-H (ou Hitomi).
Les lancements de l’année
Retrouvez le bilan de l’année 2016 sur Un autre regard sur la Terre
Au total, un peu moins de lancements qu’en 2015. Pour la première fois depuis plusieurs années, la Russie perd la première place au nombre de lancements réussis, détrônée par les Etats-Unis et la Chine (22 lancements chacun) mais la Chine a connu 2 échecs.
Les échecs
- 31/08/16 : échec de la mise en orbite du satellite d’observation de la Terre Gaofen 10 par une fusée Long March 4C.
- 1/12/2016 : échec de la mise en orbite du vaisseau cargo Progress MS-04 par une fusée Soyouz.
- 28/12/2016 : échec de la mise en orbite de deux satellites d’observation par une fusée Long March 2D.
L’accident au sol de la Falcon 9 le 1er septembre ayant entraîné la perte de sa charge utile, le satellite Amos-6 n’est pas comptabilisé.
De nouveaux pas de tir et de nouveaux lanceurs
2016 c’est aussi l’avènement de 2 nouveaux sites de lancement qui ont vu leurs premiers décollages : Vostochny pour la Russie et Wenchang pour la Chine.
La Chine a réussi également les premiers décollages de ses nouveaux lanceurs Long March 5, fusée lourde capable d’emporter une charge utile de 25 tonnes en orbite terrestre basse, ou 14 tonnes en orbite de transfert géostationnaire, et Long March 7, une fusée de taille moyenne pouvant transporter jusqu’à 13,5 tonnes en orbite basse ou 5,5 tonnes en orbite héliosynchrone à une altitude de 700 km. On attend toujours le premier décollage d’une Falcon Heavy qui avait été annoncé pour 2016.
L’Inde a réalisé de son côté sa meilleure année jusqu’à présent avec 7 lancements réussis, dont celui de la « mini-navette » RLV-TD (Reusable Launch Vehicle-Technology Demonstrator), un prototype du futur vaisseau Avatar, conçu pour réduire considérablement le coût de lancement de charges utiles en orbite grâce à un atterrissage contrôlé comme un avion conventionnel.
L’Europe a continué sur un rythme de croisière avec 11 lancements, tous réussis répartis entre 7 Ariane 5, 2 Vega et 2 fusées Soyouz (12 en 2015).
Résumé en images :
Pour compléter les rétrospectives de l’ESA et de la NASA :
NB : les 3 missions de Jing Haipeng, à savoir Shenzhou-VII, IX et XI, ont duré respectivement 2 jours 20 h 27 mn, 12 jours 15 h 25 mn et 32 jours 6 h 29 mn, soit un total de 47 jours 18 h 21 mn.
Je tiens à le préciser car, jusqu’à preuve du contraire, 2 + 12 + 32 = 46 et on aurait pu croire à une erreur or – comme on dit – « l’erreur est juste ! »…
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Rappelons que les deux pilotes du Virgin SpaceShip Unity (VVS Unity) sont Mark P. « Forger » Stucky (US) et David W. D. Mackay (UK). Mark Stucky fit 3 fois partie des candidats astronautes présélectionnés par la NASA : pour les groupes 13 (1989-90), 14 (1992) et 15 (1994).
suite
Au sujet de la mission chinoise Shenzhou-XI (ou-11), à noter que Chen Dong (alors dénommé Dong Chen) avait participé, aux côtés de deux jeunes femmes (quelle chance !…), Xie Beizhen et Wang Minjuan, (sans doute des candidates taïkonautes), à l’expérience CELSS / Yuegong-1 à Beijing (Pékin), vol simulé de 105 jours effectué du 3 février au 20 mai 2014.
Cette expérience était également dénommée Intégral Expriment Facility for Permanent Astrobase Life-support Artificial Closed Ecosystem (PALACE) Research ou Lunar Palace-1.
NB : CELSS = Controlled (ou Closed) Ecological Life Support Systems ;
Yuegong = Moon Palace (Palais lunaire)… ce qui prouve bien que les Chinois iront bien un jour sur la Lune, et peut-être bien plus vite qu’on ne le pense.
Comme par hasard, l’une des missions préparatoires à « Mars-500 » avait également duré 105 jours à l’IMBP de Moscou.
(source : Wikipédia)